
Chapitre18 :
Toussotant je me relève légèrement regardant autour de nous ce qui s'y trouve. De la poussière, des pierres ... que du neuf.
Mustang bouge sous moi, me rappelant que je suis toujours sur lui et dans ses bras. Me redressant plus vivement, je m'éloigne de lui avant de regarder si je n'ai rien d'inhabituel sur moi et si je n'ai rien de cassé. Non, rien n'a changé, mis à part une égratignure par ci ou par là.
- Tout va bien ? demandai-je au noiraud toujours allongé sur le sol.
- J'ai mal, grince-t-il en serrant des dents.
- Pardon ?
- J'ai mal à la jambe.
Cherchant autour de moi la lampe de poche, je la trouve à mes pieds. Pourtant lorsque j'appuie sur le bouton, aucune lumière ne s'allume.
- Je crois qu'elle est cassée, murmurai-je. T'as beaucoup mal ?
- Tu crois que je te dirais que j'ai mal si c'était pas le cas ?
- T'es peut être douillet, soupirai-je.
- Parce que tu trouves reluisant que je me plaigne à une prolétaire, toi ? casse-t-il
- La prolétaire t'emmerde Mustang. Puisque c'est comme ça je vais voir où on a atterri.
- C'est ça casse toi !
Me relevant j'avance à tâtons dans une sorte de couloir. Il y a bien quelques ouvertures mais les racines semblent les avoir obstruées avec le temps. Dire que je comptais passer Halloween avec mes amis me voilà tombée je ne sais où avec le Roi des bouffons et suzerain des enflures. On me dirait que le lapin d'Alice aux pays des Merveilles débarquerait que j'en serais pas plus étonnée.
Ma main quitte le mur qu'elle longeait, lorsque j'aperçois un faisceau de lumière arriver depuis le haut. Au moins je peux y voir un peu plus clair, j'ai pas une vision nocturne intégrée. Me stoppant dans mes pas je regarde ce qui se trouve devant moi. Oh non tout sauf ça ! Surtout le soir d'Halloween. Si vous me dites que c'est une farce de Jean ça passe encore, mais pas plus.
- Tu vois quelque chose ? crie Mustang derrière moi.
- ...
- EH LA PROLETAIRE JE TE PARLE
- LA FERME CONNARD !
J'avoue c'est très flatteur tant pour lui que pour moi. M'approchant de ce qui trône au centre de la salle ronde où je me trouve, je couvre d'un regard rapide les alentours, découvrant tous les deux mètres des colonnes amestriennes du XVIème siècle environ vu la taille et les pieds gravés, ainsi qu'une statue avant de revenir sur ce qui se tient un mètre devant moi. Soufflant sur la poussière après avoir délogé les toiles d'araignées, je déglutis en lisant les inscriptions.
Et voilà, le cauchemar continu ... nous voilà dans la crypte du château. Dire qu'au village tout le monde se demandait où avait été enterré le propriétaire, j'ai trouvé. Sur la sépulture d'autres mots sont gravés.
«Ci gît,
Le seigneur de ces lieux, châtelain de Resembool,
Duc de Slums,
Lord Alexandre Beckett »
Et voilà, pour un Halloween que demander de mieux que de le passer en compagnie d'un plouc et d'un macchabée, mort il y a plus de 400 ans ? Rien, quelle réponse fantastique. Sautons de joie les amis.
- ROCKBELL ! ALORS ?
- Ta gueule j'arrive.
Retournant vers Mustang, je me dis qu'au final nous serions mieux vers la tombe, bien que l'idée de me retrouver à côté d'ossements ne me paraisse pas la plus plaisante surtout avec ce crétin là.
- T'es capable de marcher ? demandai-je.
- Je crois pas non.
- Il y a une crypte un peu plus loin, où la lumière du jour filtre. On y sera mieux. Viens je vais t'aider à marcher jusque là-bas.
L'aidant à se lever, il s'appuie sur moi.
- Tu voudrais pas que je te porte non plus ?
- Je peux pas bouger ma jambe droite, tu comprends ce que je te dis ou pas ?
- Bon ok ... alors appuie toi sur moi, je regarderais ta jambe là-bas.
- Tu veux me tuer ?
L'idée ne serait pas déplaisante en effet, mais non, ce n'était pas mon idée. Soupirant je pars en direction de la crypte, en le tirant davantage qu'il ne bouge.
- Bordel Rockbell, tu m'avais pas dit que c'était un tombeau ta pièce
- J'ai dis une crypte, à ton avis y'a quoi dans les cryptes des châteaux ? des gâteaux et des filles ? eh bah non.
- Mais j'ai pas envie de me trouver à côté d'un mort !
- Tu crois que ça me plait à moi aussi ?surtout avec toi tu m'excuseras mais j'aurais préféré y être avec quelqu'un d'autre.
Il me regarde amusé malgré la douleur qui se lit dans ses yeux avant de sourire.
- Ohoh Rockbell nous cacherait des choses ?
- Je te cache rien Mustang, je te dis rien c'est différent. Sauf d'aller te faire foutre si possible et loin de moi c'est encore mieux.
- Merci de ta compréhension, grogne-t-il en se posant contre la tombe. Oh bon sang que ça fait mal ...
J'ai beau pas l'aimer plus que ça, je pourrais au moins tenter de regarder ce qu'il a. J'aide assez mes parents à l'hôpital, pour tenter de trouver quelque chose pour l'aider.
- Je peux regarder ? demandais-je en désignant sa jambe du doigt.
- Si tu me tues pas ... de toute façon ça pourrait pas être pire qu'en ce moment je crois.
M'agenouillant à ses côtés, j'entreprends de défaire son espèce de protège jambe doucement, essayant de toucher le moins possible sa peau. Sa main m'attrape le bras fortement lorsque la première sangle est défaite.
- Doucement Rockbell ça fait un mal de chien.
- J'y vais doucement Mustang. Du moins aussi doucement que je le fais avec les patients de l'hôpital.
- Bah je les plains alors.
- C'est la douleur qui résonne, pas moi qui suis trop brusque. Si je te le faisais sur l'autre jambe je ne pense pas que tu te plaindrais de la sorte.
- Vraiment ? tu veux tenter pour voir ?
- Plutôt crever.
- AIIIIE !
- C'est la seconde sangle. Encore une et je pourrais regarder ta jambe.
Sa prise se raffermit sur mon bras, je vais avoir des bleus sans le moindre doute. J'ai la peau trop pâle pour que cela reste invisible et en plus je marque facilement. Super. Détachant la troisième sangle, je le sens se tendre et étouffer un cri de douleur.
- C'est pas vrai, soupirai-je en regardant sa jambe.
- Quoi ? demande-t-il faiblement.
Sa jambe est bleue, enflée, et une bosse surplombe le milieu de son mollet.
- Tu t'es cassé le tibia, ta jambe est enflée.
- Super, murmure-t-il en serrant des dents. Compte pas sur moi pour bouger, là j'ai trop mal, ça résonne un truc phénoménale.
- J'allais même pas te proposer de marcher dans ton état. On ferait mieux de rester là. Je suppose qu'ils vont nous chercher en ne nous voyant pas arriver à la fête. Et puis ici on a un peu d'air qui circule.
- Pas la peine de tenter de me consoler Rockbell. Laisse tomber.
- j'en avais pas l'intention.
Comme si j'avais la tête à consoler un crétin. Me posant de l'autre côté de la tombe, je lève les yeux au plafond regardant le ciel à travers la fissure qu'y si trouve. Les étoiles commencent à se montrer, la nuit va tomber rapidement, le frais avec elle et je suis coincée ici avec Mustang.
J'ignore pendant combien de temps le silence a pesé dans la crypte, j'ignore combien de temps j'ai regardé les étoiles et le ciel, mais je sais que désormais la nuit est noire, la lumière pâle qui pénètre depuis le plafond est celle de la lune. Mustang ne parle pas, j'ignore ce qu'il fait de l'autre coté j'espère seulement qu'il ne touche pas à sa jambe.
- Eh Rockbell, murmure-t-il soudain.
- Hm ?
- Tu dors pas ?
- Je t'ai répondu non ?
- Tu ... tu crois que tu pourrais ...
- Que je pourrais quoi ?
Dis moi encore une de tes saloperies et en plus de ta jambe je te casse le nez.
- Tu crois que tu pourrais faire quelque chose pour ma jambe ?
- Pardon ?
- J'ai diablement mal et j'avoue que je te serais reconnaissant si tu pouvais me soulager un peu.
Je me glisse jusque de l'autre côté, pour le voir plus pâle que d'habitude. Le froissement du tissu de ma robe, lui a fait tourner la tête dans ma direction. Son sourire est tiré par la douleur et de la sueur perle sur son front, brillant à la lumière de la lune.
- Tu veux vraiment que je t'aide ? moi la prolétaire ?
- S'il te plait.
Soupirant, je le regarde avant de me relever et m'avancer vers lui.
- Je te préviens ça risque de faire mal.
- Tu sais ce que tu fais au moins ?
- Ouais ... euh dis moi ... t'as pas des bandelettes avec ton costume ?
Sa main quitte sa cuisse, remontant ouvrir la tunique qu'il porte et dévoilant des bandelettes sur ses épaules qui descendent sur ses bras.
- Bien, je vais en avoir besoin comme je vais avoir besoin de barres dures.
- J'ai pas de ça en stock ...
Regardant autour de nous, je ne vois rien qui puisse nous aider. Soupirant fortement, ma respiration est comprimée par les baleines du corsage. Je redresse la tête vivement, le regardant dans les yeux.
- Ouvres mon corsage !
- QUOI ?
- Ouvres mon corsage, répétais-je. C'est pas pour te faire plaisir, c'est pour prendre les baleines. Moi, je peux pas l'ouvrir ou le fermer seule. Allez ! ouvres-le.
Lui présentant mon dos, je sens ma robe s'ouvrir doucement. Jean l'a tellement améliorée qu'il ne sera pas bien difficile d'en sortir des baleines. Faisant glisser mes manches je retourne auprès de sa jambe avant de faire tourner la robe. Deux baleines du dos et deux des côtés devraient suffire.
- Hum ... eh Rockbell ...
- Quoi ? grommelais-je en tirant sur un fil
- C'est pas pour te vexer mais ...
- Mais ?
- T'es quand même rudement bien foutue.
Je le regarde, ouvrant la bouche et les yeux de surprise ou de stupidité, au choix. J'ai bien entendu ?
- Pardon ? tu te fous de moi Mustang ou quoi ?
- Pour une fois que je te faisais un compliment tu pourrais me remercier.
- Désolée, chez les Cro-Magnon, on se donnait des coups de gourdins pour se remercier et j'en ai pas sous la main.
- Toujours vexée ? plaisanta-t-il en me tendant une bandelette.
- Bon ça devrait suffire, tu refermeras mon corsage après. Pour le moment occupons nous de ta jambe
- Ça va faire mal ?
- Sers des dents.
Enserrant son mollet entre les quatre baleines, je fais un premier tour de tissu, avant de le regarder.
- Prêt ?
Il hoche la tête avec raideur, redoutant déjà la douleur qui allait suivre.
- Alors on y va, décrétai-je en serrant la bande.
Son cri retentit autour de nous pendant que je me dépêche de finir de serrer le tissu. J'ai déplacé son os à nouveau, le remettant dans une position moins problématique. J'espère qu'ils nous trouverons rapidement, il faut que mon père le soigne au plus vite.
- J'ai fini, lui annonçai-je en regardant l'atèle de fortune que je venais de lui faire. Tu veux que je mette du tissu pour éviter que ta peau ne frotte sur le sol ?
Il refuse d'un geste de la tête. Je me penche sur lui, posant ma main à plat sur son front. Il est brûlant de fièvre. La douleur doit vraiment être affreuse. Il faut que les autres nous trouvent ... absolument.
Zion, Posté le dimanche 31 juillet 2011 07:35
Aie aie aie, je plains Mustang :s on dirait que la "prolétaire" n'est pas si nulle que ça :p j'adore au passage les commentaires vicieux de Mustang, il perd pas le nord celui là x) la suite!